mardi 18 avril 2017

Sous les toits de Paris

Emile Vansersoupel, 1930
photo du tournage de Sous les toits de Paris
collection personnelle



Vous connaissez tous la chanson, extraite du film de René Clair, le premier film sonore tourné en France aux studios d'Epinay sur Seine. Au début du film, un long traveling en plan-séquence nous fait descendre des toits de Paris vers une impasse où l'on entend un chanteur des rues, Albert Préjean, accompagné par un accordéoniste aveugle. C'est un jeune accordéoniste originaire de Roubaix qui joue ce rôle.
Emile Vandersoupel n'a pas vingt ans.

Le Journal de Roubaix du 19 février 1931 :
Un Roubaisien a figuré dans le film Sous les toits de Paris
Combien de Roubaisiens se doutent-ils, en fredonnant l’air bien connu Sous les toits de Paris, que c’est un de leurs concitoyens qui fut engagé pour manier l’accordéon et accompagner Albert Préjean ? 
Cet accordéoniste a vingt ans maintenant, il se nomme Emile Vandersoupel et c’est un Roubaisien né natif ; il habite rue de l’Alma. Il commença, à douze ans, par jouer du piano, mais bientôt, à l’accordéon, il se révélait un véritbale artiste que de nombreux prix et honneurs, entre autres le classement hors concours au Concours international de Wavre, ont mis en vedette. Notre jeune virtuose s’est d’ailleurs déjà fait entendre à Radio PTT Nord, à Radio Paris et au gramophone. Bientôt, les entreprises de films sonores, elles mêmes, s’intéressaient à Emile Vandersoupel, dont certaines auditions par TSF avaient été remarquées. C’est ainsi qu’il fut convié aux studios d’Epinay sur Seine pour figuer dans Ça c’est Paris* ; puis peu de temps après, au printemps de l’année 1930, il demeurait deux mois dans les mêmes studios pour accompagner la vedette de Sous les toits de Paris, Albert Préjean. 

Emile Vandersoupel, et ce ne fut pas à son moindre mérite, fut choisi parmi cinq accordéonistes des plus fameux et son rôle qui eut semblé bien effacé dans un film muet, domine, on peut le dire, grâce aux airs maintenant bien connu qu’il interprétait sur l’écran, dans le film sonore Sous les toits de Paris. Le jeune roubaisien, qui est en même temps compositeur et professeur, joua, dans ce dernier film où l’accordéon est roi, une valse de sa composition, Marianne [sic]. Le jeune artiste nous a conté le travail acharné que fournissent les artistes sous l’éclat des projecteurs, répétant jusqu’à dix et vingt fois les mêmes scènes, et quand on saura que Sous les toits de Paris a demandé six mois d’efforts quotidiens, on se représente aisément de quelle somme d’énergies individuelles est composé un film qui est projeté en une heure et demie.

*Film muet d'Antoine Mourre


capture écran du film (d'une vidéo supprimée)
où l'on aperçoit l'accordéoniste

 


au bal musette, l'orchestre est au balcon
Emile est accompagné d'un banjo et d'un jazz
ils jouent sans doute Marie-Anne, la valse composée par Emile






Bande annonce de l'époque

Albert Préjean enregistrement Ultraphon 1930

Version de Berthe Sylva 1930

Fin du film, version instrumentale avec la scène de bal

Vous voulez l'intégrale ?
Je n'ai trouvé que cette version, doublée en Géorgien ou en Russe ?

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Ensuite Emile raccourcit son patronyme et continue de se produire avec Albert Préjean, notamment en Suisse en 1941.


Charles Verstraete* nous raconte la suite et la fin de sa carrière : après s'être produit à la Brasserie Poulin, rue Pierre Motte à Roubaix, il est engagé au Balthazar, brasserie sur les boulevards à Paris. En tournant dans le film Sous les toits de Paris, il se fera connaître de tous les Français. Dès lors, il monte un orchestre, s'adjoint deux accordéonistes, Germain Vigne et Albert Lerouge, un pianiste et une batterie, et fera des tournées dans tout le pays. Malade, Germain Vigne cèdera sa place au Roubaisien Marcel Arcelon auquel succèdera Julien Vandeputte [d'Halluin]. Lorsqu'il rentrera à Roubaix, Soupel sera cabaretier rue du Chemin de Fer [et rue Jules Guesde] et abandonnera l'acccordéon.
*De l'accordéon au trombone, Soixante ans de musique et de souvenirs, Garches, 2000

Emile Vandersoupel, fils d'Emile (peigneur puis apprêteur) et de Clémence Bulcaen, est né à Roubaix le 10 mai 1910, rue des Anges, il est mort à Roubaix le 16 août 1990.



collection personnelle



Une autre artiste roubaisienne : Mary Lyse



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